Par Barbara VanDenburgh | Service de presse Gannett
Les mots basés sur une histoire vraie sont souvent le présage d'une indignation imminente lorsqu'ils apparaissent sur les écrans-titres, comme ils le sont dans ce drame éthiopien exaspérant sur une fille qui se bat après avoir été enlevée pour une jeune mariée. C'est une histoire familière - les privés de leurs droits résistent aux pouvoirs qui sont face à des chances impossibles - mais qui n'est que plus enrageant pour sa familiarité
Hirut Assefa (Tizita Hagere) est la fille de 14 ans d'agriculteurs pauvres de la campagne éthiopienne, mais elle est brillante et têtue dans sa poursuite d'une éducation, ce qui est rare pour les filles de ces régions. C'est aussi une jolie fille pour son âge, et sur le chemin du retour de l'école, elle est enlevée par un groupe d'hommes armés, dont l'un viole Hirut et l'informe qu'elle doit être sa femme. Battue, maltraitée et terrifiée, Hirut profite d'un moment de distraction et fuit ses ravisseurs, l'arme à la main et, dans un acte manifeste de légitime défense, tire et tue son violeur.
Personne n'est au-dessus des lois, dit-on au début du film - des mots de combat en Éthiopie, où bon nombre de personnes, à savoir des hommes, semblent opérer bien au-dessus. Les enlèvements d'enfants mariées sont coutumiers parmi les habitants du village de Hirut, et les hommes exigent du sang en pénitence pour ce qu'ils appellent un meurtre.
En coup, Meaza Ashenafi (Meron Getnet), un ange s'il en est. C'est une avocate qui travaille avec l'Association des femmes avocates d'Andinet et qui défend les droits des femmes dans un pays qui n'accorde pas beaucoup d'importance aux femmes. Les défis auxquels Meaza est confronté sont innombrables, des embouteillages bureaucratiques grâce à un système judiciaire préjudiciable et peu coopératif aux villageois armés d'armes à cheval acharnés à se venger. Hirut est prise dans le conflit des droits légaux et des coutumes tribales avec seulement un avocat déterminé et protecteur qui se tient entre elle et une mort certaine.
Il y a plus qu'une bouffée de didactique dans Difret, un film trop sérieux pour expliquer sa cause dans une exposition plus qu'occasionnelle. Mais c'est par ailleurs un drame touchant qui est honnête et lucide sur le traumatisme de Hirut et les luttes en cours auxquelles elle sera confrontée même si elle est libérée, sans jamais traiter ses abus de manière exploitante. Le plus déchirant de tous est le rappel que dans dans certaines parties du monde, rien n'est plus dangereux pour le statu quo qu'une femme instruite.[s3r star=3/4]
Angelina Jolie présente un film écrit et réalisé par Zeresenay Mehari. En amharique avec sous-titres anglais. Durée : 99 minutes. Pas de classement MPAA. Projection samedi et mardi au Gene Siskel Film Center.
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